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Rencontres du soir : un cycle de rendez-vous avec des chercheurs

La programmation collégiale des enseignants propose cinq « Rencontres du soir » dans l’année afin de partager le travail d’artistes et de chercheurs en lien avec des enjeux et l’actualité de l’art contemporain : arts plastiques, histoire de l’art, anthropologie, sociologie, philosophie. Elles sont ouvertes en soirée également aux Alumni et au public extérieur.

Alia Benabdellah : un portrait géographique de la techno de Détroit

Le 16 mai 2024 à 18h
Auditorium de l’ÉSAL – 1, rue de la citadelle – 57000 Metz
Entrée libre et gratuite

L’export de la musique techno à l’orée des années 1990, de son lieu de naissance à Détroit à son plus grand espace de diffusion en Europe, s’est fait dans un processus de blanchiment du genre qui perdure aujourd’hui. Pour développer ce travail de recherche, il était impératif pour moi de revenir aux sources de cette musique pour en comprendre ses enjeux. Mon travail de recherche s’est ainsi développé autour d’une méthodologie engagée de terrain à Détroit qui sera au coeur de cette discussion. 

Alia Benabdellah est titulaire d’un master de communication culturelle, et spécialiste de l’étude des musiques noires américaines. Doctorante en géographie humaine à l’université Bordeaux Montaigne sous la direction d’Yves Raibaud, elle travaille sur les racines noires de la techno de Détroit. Elle est intervenue dans plusieurs conférences aux États-Unis, au Canada et en France, et s’est rendue à de nombreuses reprises à Détroit où elle a entrepris un long travail de terrain, notamment grâce à une bourse Fulbright. Alia a contribué à plusieurs publications scientifiques et médiatiques comme le catalogue de la Biennale du Design de St Étienne, et celui de l’exposition Night Fever au musée Vitra. Entre matières sonores et matières urbaines, Alia nous invite dans un voyage musical où nous rendons visite aux racines de la musique techno. (texte : https://www.esacm.fr).

Visuel : Erwan Wilhelm, option Communication, ÉSAL, Metz, 2024
Visuel : Erwan Wilhelm, option Communication, ÉSAL, Metz, 2024

VALERIE MRÉJEN : LA JEUNE ARTISTE. DISCUSSION SUR LE (UN) PARCOURS ARTISTIQUE

Le 14 mars 2024 à 18h
Auditorium de l’ÉSAL – 1, rue de la citadelle – 57000 Metz
Entrée libre et gratuite

Dans le cadre des Rencontres du soir, Valérie Mréjen présentera son dernier ouvrage « La jeune artiste » publié en octobre 2023 chez P.O.L., récit d’apprentissage parfois autobiographique qui refait le chemin l’ayant menée à l’École nationale supérieure d’arts de Paris Cergy. Dans cette école d’une ville nouvelle de la lointaine banlieue parisienne sans beaucoup de charme, les étudiants découvrent l’art, essayent d’en faire, s’encouragent, se copient, s’observent. Ils sont déjà presque de jeunes artistes, au moins pendant les cinq années d’études.

Valérie Mréjen:

Vidéaste, plasticienne et romancière française, Valérie Mréjen fait partie des jeunes artistes multimédias qui ont accédé à une certaine notoriété à la fin des années 1990. Elle est une de celles dont la voix est la plus singulière, à la fois familière et dérangeante. La caractéristique de son œuvre repose sur une oscillation constante entre deux pôles, le premier étant le texte et le second l’image, en un partage qui demeure présent au sein de son travail de vidéaste. En 1994, elle sort diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. Elle mène une double carrière, d’une part comme écrivaine (Mon grand-père, 1999 ; L’Agrume, 2001 ; Forêt noire, 2012), d’autre part comme plasticienne et vidéaste à partir de 1997. Ses travaux visuels s’inscrivent dans une logique fortement narrative, gouvernée par l’omniprésence de la voix, tout en privilégiant la forme du fragment, que ce soit dans des œuvres brèves ou plus amples. Ainsi son film Pork and Milk (« porc et lait », 52 minutes, 2004) expose-t-il des témoignages de Juifs issus de communautés orthodoxes et qui évoquent le moment où ils ont décidé de rompre avec leur milieu religieux (le titre évoque les deux interdits alimentaires majeurs de la Torah). De manière emblématique, le dispositif visuel employé (semblable au confessionnal) acquiert un effet de signature : fixité d’un cadrage plutôt serré, frontalité des récitants et neutralité de ton obtenue par d’inlassables répétitions. Dans la neutralisation du spectaculaire qui en découle, les saynètes répétitives de la vidéaste se vident alors peu à peu de leur sens et d’une affectivité superflue, soulignant la part rituelle et la dimension stéréotypée qui menace la parole aussi bien que les images. Les vidéos Sympa (1998) — une femme raconte sa dernière soirée en usant du tic langagier « c’était sympa » jusqu’à la nausée — et Capri (2008) — un couple se déchire en déclinant tous les clichés cinématographiques des scènes de ruptures — illustrent l’aspect à la fois comique et inquiétant, caché derrière l’extrême banalité de ces reconstitutions pseudo-documentaires.

Jean-Christophe Blum

Extrait du Dictionnaire universel des créatrices © Éditions des femmes — Antoinette Fouque, 2013

Source : https://awarewomenartists.com/artiste/valerie-mrejen/

Visuel : Erwan Wilhelm, option Communication, ÉSAL, Metz, 2024
Visuel : Erwan Wilhelm, option Communication, ÉSAL, Metz, 2024     1/2

Florian Gaité : Danser à mort. Pour une thanatocritique de la rave.

Le 20 février 2024 à 18h30
Auditorium de l’ÉSAL – site de Metz
1, rue de la citadelle – 57000 Metz
Entrée libre et gratuite

La pratique de la rave apparaît au premier abord comme une célébration de la vie, une façon récréative, insouciante et souveraine de jouir du présent, de la musique ou de son corps. On peut aussi considérer que la recherche de l’épuisement, la prise de psychotropes ou l’exposition prolongée à des volumes élevés de musique, jusqu’à être «démonté», «fracassé» ou «rétamé», constituent des formes d’auto-agressions, des pratiques-limites nous rapprochant de la mort. C’est en interrogeant ce paradoxe que nous cherchons à comprendre l’économie pulsionnelle qui préside à cette pratique ordalique, qui touche à la mort pour intensifier la vie. Si l’épuisement correspond en effet aux deux manifestations de la pulsion thanatique (dilapidation de la force vitale et destruction), quel sens et quelle valeur donner à son expression festive, comme à la société qui la place au centre de son organisation ? A partir d’une lecture thanatocritique du capitalisme, ici défini comme la recherche d’une accumulation sans but tenant de «l’ivresse de la mort », nous confronterons deux hypothèses. D’une part, celle selon laquelle la rave participe àla «ruse »de la croissance qui consiste à détourner les pulsions d’anéantissement pour simuler un état d’invulnérabilité. De l’autre, la possibilité d’y voir, tout au contraire, la mise en œuvre d’une stratégie inconsciente pour lever le refoulé que le capitalisme impose au désir de mort. Peut-on alors faire de la rave la danse macabre du monde techno-industriel ? Qu’est-ce qui, au fond, fait danser Thanatos ?

Professeur de philosophie à l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (ESA Aix), Florian Gaité est chercheur associé à l’Institut ACTE (Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Après une thèse sur le concept de plasticité, il oriente ses recherches sur l’articulation (épistémologique, ontologique, esthétique) entre art et négativité pour nourrir une approche critique de la culture contemporaine. Il mène également des recherches sur la danse, l’épuisement et leur sens critique dans une société productiviste, amorcées avec la publication en 2021 de Tout à danser s’épuise (éd. Sombres torrents). Membre de l’AICA, il est également critique d’art pour la presse écrite (Magazine du Centre Pompidou, Artpress, L’Art même, QDA…), des institutions (Festival d’Automne, CN D, Ménagerie de verre…) et la radio entre 2017 et 2020 (France Culture).

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