La page projetée. Livres (fictionnels) au cinéma
Journée d’étude présentée par l’Institut Page de l’ÉSAL
Mercredi 9 octobre 2024
ÉSAL – Pôle arts plastiques Metz, auditorium, 10-17h
Avec Agathe Masa, officeabc, Alice Planes, Pierre Leguillon et les étudiant.es et enseignants de l’Institut Page.
Ouvert au public, entrée libre
La journée d’étude La page projetée. Livres (fictionnels) au cinéma prolonge les réflexions engagées par l’ÉSAL – Pôle arts plastiques Metz à la Biennale Exemplaires 2024. À Valence, les étudiant·es de l’Institut Page, laboratoire de recherches textuelles, graphiques et éditoriales de l’ÉSAL, ont présenté une sélection d’ouvrages qui apparaissent exclusivement dans des films. De l’adaptation de romans pour des longs-métrages à la présence de la page à l’écran, les relations entre le livre et le cinéma sont multiples. Cette journée d’étude sera l’occasion de poursuivre et d’approfondir ces enjeux en accueillant auteur·ices, artistes et designers qui ont travaillé au croisement des pratiques éditoriales et cinématographiques.
Cette journée s’inscrit dans le cadre du festival FORMAT(S).
Programme
10h Intro : Léo Coquet, Jérôme Knebusch, Elamine Maecha
10h30 Agathe Masa
11h15 Office abc
14h Institut Page La page projetée. Livres fictionnels au cinéma
14h30 Alice Planes La fausse bibliothèque
15h15 Pierre Leguillon
16h Outro
Plus d’informations
Les intervenants
Au fil de ses études, Agathe Masa se spécialise dans la conception d’objets graphiques de fiction. Elle explore l’usage du design graphique comme outil narratif avec une affection particulière pour la fabrication quasi-artisanale de ces dispositifs de récits. Entre 2019 et 2021, elle réalise deux projets majeurs où elle s’empare de récits romanesques et historiques pour les projeter dans la réalité. Elle étudie en Angleterre dans une section spécialisée nommée Design for Film et oriente son mémoire de fin d’études à l’école d’arts de Valence sur l’observation du travail d’accessoiriste graphiste au sein des productions cinématographiques. Aujourd’hui designer graphique indépendante, elle aspire à rejoindre les départements artistiques de l’industrie du cinéma.
À l’occasion de cette journée d’étude, elle reviendra sur ces deux projets au cours desquels elle explore la puissance du faux en adaptant des récits dans le monde réel. À travers la découverte de son processus de travail nous observerons comment la fiction peut tromper la réalité par la tension entre authenticité et illusion.
Pour Brice Domingues & Catherine Guiral, qui fondent en 2008 le studio officeabc, la forme est une recherche et la recherche est une forme. Designers graphiques, critiques, enseignant.e.s, officeabc a lancé avec Jérôme Dupeyrat l’agence du doute et avec le théoricien Thierry Chancogne la revue en ligne Tombolo. Les deux associés questionnent et activent les liens pouvant se faire entre différents champs de pratiques artistiques et éditoriales. Catherine et Brice collaborent régulièrement avec les dessinateurs et dessinatrices de caractères Thomas Bouville et Sarah Kremer, avec la maison d’édition T&P Publishing, avec Le Signe, iels sont cette année les designers invités pour le projet «Carottage» de l’Artothèque de Caen et dessinent le prochain numéro de la revue Décor de l’ENSAD. Avec les Éditions deux-cent-cinq, iels viennent de sortir un ouvrage sur le typographe et urbaniste Pierre Faucheux.
TO LOVE A BITCH AND A FAKE – Une bibliothèque de livres-de-films
Sans le savoir, en 1914, le critique Max Beerbohm reprend dans un article l’expression qu’avait employée le poète Charles Lamb en 1822. Désignant une bibliothèque de «non-livres», Lamb traitait de Biblia a-biblia, tandis que Beerbohm envisageait, lui, un espace où seraient rangés les livres dans les livres, ou Books within books.
La littérature, comme le cinéma, sont espaces de fiction et ceux-ci se dessinent parfois au travers d’objets dont traite notamment la chercheuse et éditrice Aurélie Noury, s’intéressant, elle, aux bibliothèques dans les films comme décor et comme construction.
Un peu comme cela arrive dans La rose pourpre du Caire (1985) lorsque le personnage de Tom Baxter quitte l’écran du cinéma Jewel pour rejoindre Cecilia, la spectatrice, nous avons choisi de nous consacrer depuis 2012 à faire venir de ce côté-ci de l’écran, des livres fictifs. Ces «dummies» ou maquettes en blanc, dont nous tâchons aussi de décrire les premières apparitions, donne littéralement corps à ces livres-de-films. Nous converserons donc sur cette idée d’apparitions et convoquerons celles-ci sous différentes formes.
Les étudiant·es de l’ÉSAL – Pôle arts plastiques Metz, analyseront des livres fictionnels au cinéma, ces ouvrages qui existent exclusivement dans l’univers d’un film. Du roman d’une écrivain·e imaginaire au livre pseudo-scientifique, les formes et les narrations varient mais tous possèdent la même opérativité : les spectateurs sont invités à activer ces «l ivres qui n’existent pas » et à en prolonger l’histoire au-delà de l’écran. De plus, les étudiant·es leur ont redonné vie en les fabriquant au plus près d’après leur apparition à l’écran, questionnant les frontières entre fiction et réalité.
Avec Emilia Bernard, Corentin Ferry, Alix Hetreux, Yu-Chien Huang, Maddy Lepage, Théo Michaud, Gabin Nivard, Léa Pesant, Valentine Poulet, Erwan Wilhelm accompagnés par Léo Coquet, Jérôme Knebusch et Elamine Maecha.
Alice Planes, diplômée des beaux-arts de Marseille ; est graphiste depuis plus de 20 ans. Forte d’une solide culture graphique, elle travaille principalement dans le domaine de l’audiovisuel, sous la direction du réalisateur et du chef décorateur. Son travail consiste à créer des accessoires de jeu pour les scènes tournées : illustrations, packagings, animations, identités visuelles, livres et magazines, affiches, documents administratifs…
Pour cette journée d’étude, elle présentera une sélection de couvertures de livres fictifs et expliquera en détail les étapes du travail ; du scénario au dépouillement jusqu’à la fabrication.
Pierre Leguillon est artiste et vit et travaille à Bruxelles. Après une formation en Arts plastiques à l’Université de Paris 1–Panthéon-Sorbonne, il débute sa carrière en tant qu’éditeur et critique d’art. Artiste protéiforme, il travaille essentiellement sur la production et la reproduction d’images fixes ou animées dont il possède une vaste collection, aujourd’hui réunie au sein du Musée des Erreurs qu’il a fondé et installé dans son appartement, à Bruxelles, en 2013. En 2007, il crée à Paris le dispositif de La Promesse de l’écran : un écran de projection qui dissimule un bar clandestin; ce système escamotable est depuis devenu itinérant. Plus récemment, sa pratique s’est concentrée sur la production de livres d’artistes, publiés principalement aux éditions Patrick Frey à Zürich, Triangle Books et Surface Utiles, à Bruxelles. Il a reçu le Prix Bob Calle du livre d’artiste pour Ads (Triangle Books), en 2021. Il a été lauréat de la Villa Médicis à Rome en 2003 et il enseigne à la HEAD–Genève depuis 2010.
À partir d’extraits d’un montage réalisé dans le cadre de La Promesse de l’écran, Pierre Leguillon montrera les allers-retours incessants entre page et écran qui ont alimenté une partie de sa pratique artistique depuis une vingtaine d’années. Il sera question de l’habillage de l’exposition, de son paratexte (le carton d’invitation, l’affiche…) et de ses équivalents au cinéma (le générique, les crédits, la photographie d’exploitation…) pour regarder comment, depuis un siècle, l’espace de la page et celui de l’écran ont peu à peu opérer une forme de symbiose.
Outro